J’ai regardé le fantastique documentaire sur le jeu vidéo indépendant : « indie game : the movie ». Je vous invite à l’acheter. Pour 7€ vous avez droit à la version 1080p en téléchargement avec sous-titres et les bonus en téléchargement également. Du beau dématérialisé sans DRM tout comme il faut. Pour ceux qui préfèrent les vraies séances avec de vrais gens, le documentaire sera diffusé également à la Gaité Lyrique.
Ce documentaire, d’une grande qualité présente l’aventure créative de trois concepteurs de jeux indépendants : Fez, Braid et l’excellent Super Meat Boy. Tous trois sont très loin des canons des productions AAA (comme en économie) à la sauce Call of Duty, Halo et autre Diablo. Ce sont de petites équipes (2 ou 3 personnes maximum) qui conçoivent de A à Z l’intégralité du jeu. Disposer à la fois de compétences en programmation, en graphisme et en Game design n’est pas à la portée du premier péquin s’amusant avec Klick & Play.
Les créateurs dont on découvre la vie pendant les deux, trois voire quatre ans de développement semblent enchainés à leur œuvre. Ils sont tellement imprégnés par le besoin de terminer leur bébé qu’ils abandonnent toute vie en dehors de la création. L’un place entre parenthèse sa vie de famille, l’autre en oublie de manger et le dernier semble dédier sa vie au jeu. A une question posée par l’intervieweur, il répond qu’il serait prêt à mourir s’il ne terminait ce sur quoi il travaille depuis 3 ans (dis comme ça, cela parait un peu gros mais vraiment c’est un documentaire à voir).
Il est vrai que le jeu indépendant, contrairement aux productions de grande envergure implique de se donner complètement au projet. Le film le décrit très bien, ces créateurs ne sont pas de simples employés, ils sont à l’origine du projet, ils le tiennent à bout de bras et un échec n’est tout simplement pas envisageable, « cela voudrait dire jeter à la poubelle trois années de vie ».
Le chemin qui mène à la réalisation d’un jeu indépendant amène à se battre contre de nombreuses difficultés, même au sein de leurs petites sociétés. Jusqu’au dernier moment le créateur de FEZ ne savait pas s’il pourrait présenter son jeu au public du PAX prime pour cause de procès avec son ancien collaborateur.
Cette souffrance peut également venir d’autres facteurs :
- L’un souffre des commentaires haineux en provenance de la communauté, car le jeu FEZ accumule retard sur retard. Ce que l’auteur dénonce dans un grand accès de colère. Il ne pensait pas « faire face à une telle armée d’imbéciles ». Après tout il est seul à travailler sur le projet,
- L’autre est déçu qu’un faible pourcentage des éléments qu’il a souhaité mettre en avant dans le jeu, ne soient réellement perçus par les joueurs. Un léger vent de déception lui laisse penser que le game design ne mérite peut-être pas d’être aussi poussé.
Lorsque l’on échoue un projet de cette ampleur avec si peu de ressources, c’est toute une vie qui s’écroule. A se demander même pourquoi il y a encore des gens assez fou pour entreprendre ce genre de chose. Les entrepreneurs, les créateurs sont vraiment des gens qui me fascinent par leur capacité à mettre leur vie en péril dans l’espoir d’un plus grand succès !
C’est d’autant plus fascinant que les personnes présentées semblent éprouver une souffrance non feinte et bien plus grande que l’accomplissement qu’ils semblent rechercher. Néanmoins aucun n’échangerait leur créativité contre un bon job chez un grand éditeur.
Le développement de jeux indépendants n’est vraiment pas une partie de plaisir, mais il a le mérite de faire sortir de vraies pépites qui n’intéressent pas les grands studios obligés de rentabiliser les millions d’investissements. Le dématérialisé donne l’opportunité à toutes ces petites équipes de mettre au point des Game Play extrêmement poussés
N’oublions pas que ce sont les grands acteurs tels que Microsoft, Sony ou Nintendo qui donnent un nouveau souffle à « la créativité du garage ». Ces jeux sont généralement diffusés sur les plateformes de téléchargements tels que le XBLA pour Microsoft, le Playstation Network pour la marque du même nom et le WiiWare de Nintendo. sur PC, c’est Steam de Valve qui occupe le même positionnement.
Des alternatives existens : le jeu indépendant se structure en dehors des acteurs internationaux avec notamment l’initiative Humble Indie Pack qui, deux fois par an, propose aux joueurs d’acquérir, pour la somme qu’ils souhaitent, un pack de jeux indépendants.
Bon courage à la scène indépendante et pour vous, joueur ou non, je vous invite à acheter le documentaire (aussi issue du crowd funding puisque lancé sur kick starter). Voici le trailer pour vous donner envie :
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